Un retour stratégique sur fond de crise sécuritaire
Kabila évoque notamment la dégradation généralisée de la sécurité sur l’ensemble du territoire, mais cible particulièrement la partie orientale du pays, théâtre des affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par l’AFC de Corneille Nangaa. Il affirme vouloir entamer son retour par cette région, « parce que c’est là qu’il y a péril en la demeure ». Cette décision intervient alors que des doutes planent sur d’éventuelles convergences entre ses intérêts et ceux de l’AFC. L’un de ses proches n’a d’ailleurs pas exclu une possible participation à cette alliance, se contentant d’un énigmatique : « Participer à l’action de l’AFC ? C’est possible… ».
Une offensive politique dans un climat de défiance
L’annonce intervient au lendemain de la rentrée politique du PPRD, son parti, et quelques jours après le boycott par l’opposition des consultations initiées par le président Félix Tshisekedi pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le refus du PPRD de rejoindre ces pourparlers semble indiquer une volonté de se repositionner en dehors du consensus national, et peut-être de préparer un contre-pouvoir, voire une alternative à la majorité actuelle.
Ce retour annoncé, en pleine crise humanitaire, politique et sécuritaire, pourrait alors marquer un tournant dans le paysage politique congolais. Kabila, officiellement installé en Afrique du Sud pour des recherches académiques sur les relations sino-congolaises, semble avoir mis entre parenthèses ce projet. Son initiative pourrait être interprétée comme une tentative de reprise en main de son influence politique, ou comme un signal fort adressé à ses partisans et à la communauté régionale, dans une phase de fragilisation du pouvoir en place.
Une démarche qui interroge
Le retour de Joseph Kabila peut-il contribuer à apaiser ou au contraire raviver les tensions ? S’agit-il d’un acte patriotique face à l’effondrement de l’État ou d’un coup politique soigneusement orchestré ? Les réponses restent floues. Mais une chose est sûre : dans une RDC marquée par la défiance, les alliances mouvantes et les conflits armés, le retour d’un ancien président ne saurait être anodin. Il pourrait bien rebattre les cartes du jeu politique congolais dans les semaines à venir.
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